Histoire

Crise belge : la meilleure analyse (juin 2010-janvier 2011)

1 February, 2011
Politique Histoire
La Libre Belgique clandestine

Salut au drapeau de l'armée coloniale belge en route vers l'Abyssinie, 21 juillet 1941. N'oublions pas que la Libre est le titre d'un journal de la résistance... Et ici, il était en opposition avec Léopold III...


 

La Libre Belgique qui  apparaît de plus en plus comme le seul journal de qualité à la fois wallon et bruxellois, sans être de la « presse locale » (comme la chaîne Sud-Presse ou L'Avenir qui ne sont pas sans mérites non plus), a eu le mérite de rassembler une série d'analyses et d'observations réunies depuis le 13 juin et recueillies avec De Morgen, un livre intitulé Les forçats de la rue de la loi 1. Et cela d'autant plus que la plupart des médias aujourd'hui semblent tout faire pour que l'on n'y comprenne rien en étant de jour en jour plus lisses, superficiels, sans analyses autres que celle des « humoristes » de la RTBF.

Le déjeuner chez Bruneau (28/8/2010)

Ce petit livre  de 70 pages avec quelques photos dont certaines ne sont pas seulement là pour meubler, commence par  raconter le fameux déjeuner chez Bruneau à deux pas de la cathédrale de Koekelberg quand Bart De Wever commence à ne plus croire en la négociation avec Di Rupo et s'acoquine avec les libéraux. C'est pertinent parce que c'est ce déjeuner qui en fait a provoqué une telle colère chez Di Rupo que six jours plus tard il remettait sa démission au roi.  Et au moment où ces lignes paraissent (1/2/2011),   depuis cette démission de Di Rupo (acceptée d'emblée par le roi) les sept partis qui tentaient alors de former un gouvernement  ne se voient plus. On sait aussi qu'à cette date le président PS de la Chambre (A.Flahaut) et le président NVA du Sénat (Danny Pieters), avaient été chargés d'une mission de médiation. D'emblée Bart De Wever explique à Louis Michel du MR, en fixant le rendez-vous au 28 août par téléphone, qu'il  ne supporte plus les « gauchistes » (écolos, socialistes et CDH), et en particulier J.Milquet qu'il traite de « folle ». Les libéraux, on le sait, étaient prêts à cette date à faire des concessions à la NVA sur le pan « symbolique » (soit, en un sens, le plus important). Mais ce qui est le plus intéressant, c'est que Louis Michel confie à BDW qu'il ne se fie pas à la parole de Di Rupo, rappelant qu'il avait signé avec le président du PS un accord pour former une coalition gouvernementale en Wallonie après les élections de 2004, accord  écrit qui est même déposé chez un notaire. Selon le petit livre, le patron du restaurant peut écrire dans son livre d'or : « C'est ici que Bart De Wever a compris qu'il ne pourrait plus faire confiance à Elio Di Rupo... » (p. 15). On y explique aussi que, en apprenant cette rencontre, Di Rupo a confié à un proche « Si on avait fait cela pendant la guerre, on aurait été condamné pour haute trahison... » (Ibidem). Cependant malgré la fureur du président du PS, des contacts se maintiennent malgré tout entre socialistes et libéraux, et le livre pense que ce serait au départ sans nécessairement l'aval de Di Rupo.

Contacts entre libéraux et socialistes et  BDW clarificateur : rupture du 17/10/2010

Une autre rencontre  discrète a lieu dans un restaurant du Brabant wallon, entre socialistes et libéraux cette fois,  avec Louis Michel, Gilles Mahieu secrétaire général du PS et Jean-Claude Leys avocat général à Mons, début octobre. A cette réunion on se met d'accord pour que, lors de la réunion entre présidents de partis francophones du début du même mois, Didier Reynders se dise enchanté que cette réunion ait lieu ce qui permettra , dit le livre, de bouter Ecolo des négociations (p. 17). Pourtant ce n'est pas ce qui se passe. Du coup « les socialistes » (mais le livre ne dit pas de qui il s'agit), envoient un SMS aux libéraux regrettant  qu'ils aient mal placé leur confiance en eux. Le 8 octobre, Bart De Wever  est chargé par le roi (qui agit là « à contrecoeur « précise le livre p. 58), d'une mission de clarificateur. Il propose un texte sur la régionalisation de la fiscalité 2, qu'il « essaye » le samedi 16  octobre sur des journalistes flamands dont certains modérés comme Luc Van der Kelen de Het Laaste Nieuws qui estime que BDW « avait le sentiment que son texte était une tentative intègre pour débloquer la situation »(cité p. 59). Or, dès le 15, Joëlle Milquet prépare un communiqué pour déstabiliser Bart De Wever. Le dimanche 17 octobre, la note de De Wever est sur le site de La Libre Belgique et de la VRT. Une déclaration d'Olivier Maingain « sans aucune concertation  avec Didier Reynders, atomise le document de Bart De Wever, qui pense avoir fait une note équilibrée » et « est stupéfait par la rapidité avec laquelle les francophones la démolissent » (d'ailleurs, le jour même, dans les Fourons, José Happart avait réagi  de la même façon). Notons ici, en passant, que c'est depuis cette date que les négociations déjà terriblement embourbées semblent  avoir été rendues définitivement  impossibles (ceci est écrit le 31 janvier 2011).

D'autres occasions manquées. Les socialistes bruxellois verrouillent le PS en 2010

Une autre occasion manquée, c'est la tentative de faire rentrer le SPA dans le gouvernement Leterme II quand Alexander De Croo avait provoqué sa chute le 22 avril  2010, provoquant ainsi des élections générales et de ce fait la victoire de la NVA, victoire dont chacun sait qu'elle n'a rien arrangé si l'on considère les choses du point de vue de la particratie francophone. Or, lors de la concertations entre le PS et le SPA, (dont le livre ne donne pas la date exacte), Elio Di Rupo, Laurette Onkelinx, Philippe Moureaux et Anne Poutrain (trois Bruxellois sur quatre quand on est optimiste, quatre sur quatre quand on l'est moins) rencontrèrent Caroline Gennez (présidente), Bruno Tobback (chef de groupe à la Chambre), Johan Vande Lanotte et Jan Cornilie (directeur du centre d'études SPA). Les socialistes flamands demandent aux socialistes bruxellois rencontrés une série de mesures de gauche : la suppression des intérêts notionnels, une taxe sur les centrales nucléaires et une contribution du secteur bancaire que l'Etat belge a bien mieux aidé, plus que la Wallonie en toute hypothèse (qui a dû elle-même cracher au bassinent et pas qu'un peu...).  Cependant cette montée des socialistes flamands au gouvernement fédéral, à ces conditions (qui sont logiques), impliquent que les libéraux soient éjectés. Or ce dernier point n'arrange pas les socialistes bruxellois. Dans Les forçats de la rue de la loi, on lit ces lignes tout de même étonnantes : « Larguer le MR juste après une crise communautaire n'est pas une option pour le PS, parce qu'il ne pourrait pas le justifier auprès de son électorat (...) La concertation des socialistes a échoué : " Excusez-moi", murmure Di Rupo, "mais pour moi, c'est aussi une question de pouvoir." » (p. 30) Cela semble un peu loin des grandes déclarations d'amour au pays et à son intérêt sans oublier le socialisme mais de toute façon... Quant à la Wallonie, le PS s'en fout depuis longtemps. Surtout son président.

Groupe de haut niveau et  exigences en matière de loi de financement

Bart De Wever et Elio Di Rupo  se retrouvèrent  malgré tout après la rupture du 3 septembre  pour reparler notamment d'autonomie fiscale, et du refinancement de Bruxelles, deux pierres d'achoppement dans les discussions. Un groupe dit « de haut niveau »  est mis en place, coprésidé par Jan Jambon (NVA) et l'un des rares  Wallons de toute cette histoire, Jean-Claude Marcourt (et même peut-être le seul politiquement). Le groupe est composé également  du sénateur Ahmed Laque (PS) sénateur PS, de Koekelberg, un ancien de l'IEV spécialisé en fiscalité, du ministre flamand des Finances Philippe Muyters (NVA), du  ministre fédéral M.Wathelet (CDH), de Pierre Crevits (chef de service à la Banque nationale et chef de cabinet de Melchior Wathelet), de Philippe Donnay (chef de cabinet de Joëlle Milquet), du ministre régional wallon Jean-Marc Nollet (Ecolo). De même que, côté CD&V,  le député flamand Koen Van den Heuvel, le SPA  et sénateur Frank Vandenbroucke, et, côté  Groen!, siégeront le député fédéral Stefaan Van Hecke, André Decoster (spécialiste en finances publiques) et Anton Delbarre (économiste au sein du centre d'étude du parti écologiste flamand). Ce groupe se réunit à partir du 21 septembre et remet son rapport aux deux médiateurs Flahaut et Pieters, le 1er octobre. Mais ce jour-là, quand De Wever apprend que le rapport ne prévoit d'augmenter  l'autonomie fiscale de la Flandre que de 2 milliards d'€, il considère que « c'est largement insuffisant » (p.55).  Le rapport est rejeté et c'est alors que BDW va devenir clarificateur avec l'insuccès que l'on sait.

Exigences flamandes unanimes sur la loi de financement

Les exigences dans ce domaine sont les mêmes que celles du CD&V, surtout quand on lit  les positions de tous les partis flamands, y compris Groen ! et cela dès le 16 août 2010 :   De Wever, Beke (psdt CD&V),Van Besien (Groen !) et Caroline Gennez du SPA « font cause commune et font remarquer que, selon eux, la loi de financement devrait être révisée... » (p. 46). Mais on lit aussi que « Di Rupo en veut à la présidente du SPA de demander , comme les trois autres Flamands, l'ouverture du chantier sur la loi de financement. Il sait à présent que les négociations, qui s'avéraient déjà très laborieuses vont devenir impossibles. »(p. 47) D'ailleurs, Kris Peeters (qui, lui, chef du gouvernement flamand, joue un rôle ce qui ne semble pas le cas de Demotte, pourtant exactement dans la même position), dit au président du CD&V Wouter Beke qu'il s'est fait rouler par Di Rupo en acceptant  que dans l'accord qui intervient finalement le 24 août, il ne soit pas question de la loi de financement, au mois à ce stade, chose que De Wever avait également acceptée.

Conclusions

Nous n'avons ici mis en évidence que les points cruciaux. Nous n'avons pas parlé du chemin de croix de Johan Vande Lanotte, le dernier chapitre du livre.  Vande Lanotte, que cet ouvrage considère comme un ambitieux, désireux depuis longtemps de jouer un rôle important, est en place depuis le 20 octobre (soit trois jours après le rejet  de la note De Wever , rejet que des Flamands modérés eux-mêmes ne comprennent pas). Mais il n'arrivera même pas à replacer les gens autour de la table et remet sa démission au roi le 26 janvier, tout cela malgré trois mois de tractations.

1) Le roi ne joue aucun rôle positif et même aggrave encore la situation

 

Léopold III avec Hitler à Berchtesgaden (novembre 1941)

Tous si  dévoués au pays...


 

La lecture de Les forçats de la rue de la loi persuade aussi que le roi n'a pas vraiment une grande influence dans les négociations, cela malgré les efforts faits par les socialistes bruxellois pour souligner son importance. On le voit quand  les journalistes de La Libre Belgique et de De Morgen expliquent l'irritation (qui semble logique), des gens de la NVA qui n'ont pas été concertés (par le Palais), pour la nomination de Vande Lanotte comme conciliateur (voyez p. 62).

2) La plus grave crise politique jamais connue

Dans un long article intitulé Orange, ô désespoir (pp. 68-70), Paul Piret rappelle opportunément que en 1979 déjà mais aussi en 1987, la formation du gouvernement  avait pris de très longs mois, mais surtout que le CD&V, contrairement à la NVA était fait de Flamands adaptant « leur profil belge ou flamand à intensité variable selon la place du moment de l'organigramme de cet heureux pays » (p.68). Il écrit très lucidement (mais il n'a pas, lui, à organiser  de fausses manifestations pour l'unité du pays) : « Dès lors, après tant de négociations belgo-belges souvent difficiles mais démontrant  toujours : 1) une certaine envie commune de conclure ; 2) un code éprouvé de méthodes (notamment la discrétion) et 3) une capacité comme innée à ficeler des accommodements, 2007 aura étrenné un autre type de palabres post-électoraux. «  (p. 70). Et il martèle que ce  sont des palabres « Où l'effacement et le désinvestissement du niveau fédéral interpellent en permanence sur sa consistance et son avenir. Où la crise est politique au sens le plus fort, parce que moins caractérisée par l'absence d'un gouvernement, même prolongée, que par un doute, qui ronge, sur l'impuissance d'un système à résoudre ses pannes. » (ibidem) Il va plus loin encore en disant que « le compromis belge atteint non seulement des limites, mais deviendrait lui-même source de difficultés » (ibidem).

3) Le compromis belge source de difficultés

C'est cela  qui est capital. Paul Piret ne dit pas pourquoi il a écrit une telle phrase. Mais on peut songer à notre système institutionnel. Il  permet,  certes,  de faire marcher pas mal de choses, même en l'absence d'un gouvernement fédéral (étant donné l'étendue des compétences des Etats régionaux). Mais il fait aussi que les partis sont en face d'élections à répétitions. Il est simple de rappeler que depuis 1999, il y a eu des élections cette année-là, en 2003, en 2004, en 2007, en 2009 et en 2010, donc six fois en 11 ans sans compter (car elles comptent!), les élections communales et provinciales de 2000 et 2006. Or la lecture de l'ouvrage montre bien que les partis politiques (c'est ainsi et cela ne peut qu'être ainsi), sont attentifs d'abord aux élections qu'ils ne doivent pas perdre. Autrefois, c'était supportable parce qu'il y en avait moins. Et s'il y en a plus, c'est justement parce que sont très, très profonds les problèmes communautaires. Le mépris dans lequel on les a tenus, notamment chez Di Rupo et Milquet, après 1999, explique d'ailleurs la crise actuelle qui a exacerbé les tensions avec la Flandre. Les problèmes communautaires sont en réalité même plus importants que les problèmes sociaux et économiques. Le discours sur les vrais problèmes (qu'on dit toujours socio-économiques), ne correspond à rien: il faut s'entendre sur cela. Car on voit constamment cette problématique exhibée en manière de chantage contre les  adversaires politiques. Cela a été fait contre Alexander De Croo  en avril de l'an passé et son père (pourtant unitariste bon teint), a déclaré à cette occasion que l'évocation de cette priorité de l'économique était un prétexte.  C'est peut-être surtout vrai depuis que l'Europe offre à l'Etat belge une protection réelle.  Et c'est dû  aussi aux bonnes performances économiques du pays pour l'instant.  Mais qui semblent reposer sur des fondamentaux durables comme l'énormité de l'épargne des Belges qui vaut trois fois la dette publique.  Ou encore trois fois le PNB.  Paul Piret va plus loin encore.

Elio Di Rupo (site officile de Mons)

Sa première fierté :  ministre d'Etat et donc membre du  CONSEIL DE LA COURONNE

Il va plus loin quand il se pose la question de savoir si c'est à « la volonté de réussir » que s'attachent les négociateurs ou « à l'inverse au dessein même inconscient de démontrer l'incapacité à s'en sortir dans un Etat dont serait ainsi prouvée l'inanité. » Cette analyse est la plus lucide assurément qu'on puisse lire.   Et il est frappant qu'elle soit publiée dans un journal qui avait pu écrire (lors de sa fusion avec  La Gazette de Liège au début des années 70),  que son projet politique était « la patrie et son incarnation dans la monarchie ».

La sécession de la Belgique se met en place, même si cette opération prendra encore un certain temps, pendant lequel les Wallons devraient réfléchir non sur les qualités réelles de leurs dirigeants (elles sont réelles).

Mais sur le fait que la politique qu'ils mènent conduit tout droit, bien mieux que la domination flamande,  à la  marginalisation définitive de la Wallonie.

Ajout de ce mercredi 2 février

PS: Nous avons écrit qu'Anne Poutrain était "bruxelloise" sur la foi de quelques personnes qui peuvent en témoigner et aussi sur la base de ce qu'elle déclarait à Jean-François Furnémont, auteur de Guy Spitaels, au-delà du pouvoir, Luc Pire, Bruxelles (à la p. 209), lorsque, collaboratrice très proche de Spitaels, elle évoque la venue de celui-ci à Namur comme Président wallon en 1992:

C'est incontestablement un moment historique pour la Wallonie, estime Anne Poutrain, Guy Spitaels qui décidait d'aller à la Région wallonne, c'était le signe qu'enfin la Région wallonne allait être prise au sérieux. Moi-même qui suis Bruxelloise, j'ai ressenti un moment de fierté. C'était la consécration de l'institution. On ne disait plus "descendre à Namur" et c'en était fini de penser que l'on ne faisait carrière que quand on intégrait un gouvernement fédéral. Cela n'a fait que se confirmer depuis lors, avec la décision de Di Rupo en 1999. Et aujourd'hui, je crois qu'on peut dire que Jean-Claude Van Cauwenberghe parle d'égal à égal avec Guy Verhofstadt.

Cette déclaration a été recueillie par l'auteur Jean-François Furnément qui n'en donne pas la date mais on peut penser qu'elle a été faite quelque part en 2004. Or, une personne bien informée nous fait savoir qu'Anne Poutrain est une régionaliste convaincue et qu'elle a eu des mots très durs pour la Communauté française, des mots qui la condamnent.

Il est possible que l'explication se trouve dans ce jeu complexe des compromis à la belge. Paul Piret dit intelligemment qu'il a permis de sortir de bien des contradictions, mais qu'il devient paradoxalement un obstacle pour sortir de celles qui se présentent dans la période que nous vivons. Serait-il possible que même soucieux de la Wallonie, même régionalistes, certains dirigeants (ou personnes influentes) ne parviennent même plus à le faire savoir dans ce jeu complexe qui est le jeu du pouvoir? (Dont on a une illustration dans le livre Les forçats de la rue de la loi, quand Di Rupo ne peut pas accepter les propositions de gauche  du SPA qui se proposait de monter au gouvernement en avril 2010, chose qui impliquait la mise à l'écart du MR du même gouvernement, mise à l'écart qui gêne Di Rupo, il le dit lui-même: pour une question de "pouvoir"...) Alors ces délibérations sans fin pour former un gouvernement fédéral et réaliser une réforme de l'Etat sont délétères, même pour la Wallonie (et pas seulement pour la Belgique). Mais empêchent-elles nécessairement que les dirigeants wallons mettent en avant les enjeux pour la Wallonie? Nous posons la question.

 


  1. 1.  mais autant acheter la version papier qui est agréable à la lecture et plus commode qu'une version Internet
  2. 2. Comprendre la régionalisation de la fiscalité
Syndicate content