La longue marche de la Wallonie

Toudi mensuel n°63-64, mai-juin 2004
2 janvier, 2009

1. L'industrie

L'industrie a, depuis plusieurs siècles, façonné les structures économiques et sociales de ce qui est aujourd'hui la Wallonie. Déjà aux 15e, 16e et 17e siècles la production de produits de type industriel y était pratiquée sur un mode artisanal: production de fer, extraction de charbon à faible profondeur, production de clous, platineries (tôles) et bien entendu, filage et tissage de la laine, travail du cuir, extraction et taille de la pierre, etc. : on avait, donc, la maîtrise des technologies.

Pour cette raison, lorsque la « révolution industrielle » se développe en Angleterre, elle va trouver très rapidement à s'étendre à la Wallonie. A partir du tout début du 19e siècle, de véritables industries s'y créent et prospèrent : mines de charbon, hauts fourneaux, chemins de fer vont prendre une extension considérable, entraînant avec elles les verreries, les cimenteries, la chimie lourde (soude, notamment). A la fin du 19ème siècle le territoire de la Wallonie sera le plus industrialisé au monde.

Des groupes financiers et bancaires vont participer au financement de ces activités : la Société générale, la Banque de Bruxelles, le groupe Coppée et d'autres vont former le capitalisme belge à la fin du 19e siècle et jusque dans les années 1970. Ils survivront à la crise profonde des années trente. La préparation de la guerre quelques années avant 1940 et les années de reconstruction de l'après deuxième guerre vont être un retour à la prospérité pour la Wallonie mais aussi l'origine de son déclin économique profond qui surviendra à partir de 1975.

Déjà avant-guerre, encore en 1948 et plus tard avec les grèves de 1960, le Mouvement wallon va réclamer à la fois une diversification de l'industrie, toujours essentiellement axée sur des demi-produits. Dans les trente « glorieuses » années de prospérité sous l'effet d'un pacte social et du plein emploi, la conjonction d'un capitalisme belge exploiteur et très peu innovateur et d'un État belge unitaire dominée par le poids flamand sont à l'origine de ce déclin wallon : immobilisme industriel d'une part, industrialisation de la Flandre dans des secteurs neufs : pétrole, automobile, autoroutes à l'initiative de l'État d'autre part. Par contre, la Flandre sort de cette période industriellement bien modernisée.

Parce que le monde du travail a dû affronter un capitalisme industriel sauvage pendant le 19e siècle et jusqu'en 1945, des avancées sociales considérables ont été acquises au prix de luttes : création et reconnaissance des syndicats, suffrage universel, réduction de la durée du travail, protection contre les accidents de travail, et, finalement, en 1945 le système de sécurité sociale que nous connaissons encore aujourd'hui.

Contrairement au mouvement flamand axé sur une revendication linguistique et culturelle, finalement nationaliste dans ses positions radicales, le mouvement wallon sera avant tout basé sur les revendications économiques et sociales. On se souvient des revendications du mouvement wallon dans les années 1960 : « fédéralisme et réformes de structures » (économiques).

Après de très nombreuses manifestations, grèves, élections, pétitions, création du Rassemblement wallon, une réforme de la Constitution est finalement votée en 1970 : elle reconnaît l'existence de trois Régions et de trois Communautés. Dès 1971, les Flamands auront satisfaction avec la création des Conseil culturels, les Wallons devront attendre encore dix ans pour voir enfin la Wallonie dotée d'un lot minimum de compétences en matière économique et d'aménagement du territoire. Il faudra attendre 1988 et 1993 pour que ces compétences soient complétées.

 

2. Les Gouvernements wallons

Lorsque le premier Gouvernement wallon s'installe à la fin de 1980, le capitalisme a basculé dans tous les pays développés. Aux activités de première industrialisation : charbon, acier, chemins de fer, ont succédé les activités de deuxième industrialisation : pétrole, construction mécanique et électromécanique, automobile. À partir de 1975, le système entre en crise, comme il avait subi une crise profonde, de 1910 à 1945, au passage de la première industrialisation à la seconde. Le capitalisme est à la recherche d'activités susceptibles d'augmenter les taux de profit, il tâtonne : les nouvelles technologies de l'information semblent un temps être la voie. Dans ces circonstances, les capitaux se réfugient dans les circuits financiers y provoquant des bulles spéculatives qui finissent par crever ou se dégonfler.

Le constat est, hélas, fort noir :

- crise générale au plan économique, d'où faible croissance : la Wallonie ne se trouve pas équipée pour la deuxième révolution industrielle;

- fermeture des charbonnages, crise et menaces de fermetures dans la sidérurgie, les verreries, le textile et la confection avec de très nombreuses pertes d'emplois;

- faiblesse des infrastructures, négligées par l'Etat unitaire : SNCB, autoroutes;

- capitalisme belge impuissant et figé;

- disponibilités budgétaires faibles.

De 1974 à 1986, les emplois vont se réduire de 144.000 unités dans l'industrie lourde. À partir de 1975, le chômage va grimper très rapidement et devenir permanent. Le plein emploi n'existe plus et n'existe toujours pas. Le pacte social est petit à petit rogné. La dynamique de la croissance fait place à la stagnation de la recherche de compétitivité.

Première étape : sauvetage d'entreprises et installation

La Wallonie n'a pas le choix, il faut sauver les entreprises qui peuvent l'être afin de conserver l'emploi et une activité; Fermer comme les Flamands le conseillaient ce qu'ils appelaient les « canards boiteux » aurait abouti à faire de la Wallonie un désert économique encore bien plus difficile à redresser.

D'ailleurs, on peut voir aujourd'hui que ces mesures de sauvetage et de redressement ont été efficaces. Parmi les entreprises redevenues florissantes grâce aux interventions de la Région wallonne, on peut citer la SONACA (Charleroi), Techspace Aéro et F.N. (Liège), Cellulose des Ardennes Virton), Confitures Materne (Namur) et bien d'autres.

Dans le même temps, les Gouvernements et l'administration s'installent à Namur, à mesure que les infrastructures sont disponibles et les premières grandes entreprises publiques wallonnes voient le jour : le FOREM, la SDWDE (distribution d'eau), AWEX (exportations), SRIW (investissements).

Deuxième étape : redéploiement économique

Dans le cadre belge, européen et mondial, il faut trouver les voies d'un développement pour la Wallonie. Les axes seront mis sur les moyens d'aide à la création et à l'évolution des PME d'une part, et au développement des secteurs permettant de valoriser les ressources de la Wallonie : la filière « bois », l'eau, l'industrie agroalimentaire et la chimie fine (médicament par exemple)

On reste encore très influencé par la nécessité du développement industriel et l'accent est peu mis sur celui des services. Pourtant, les services marchands et non marchands continuent à se développer naturellement : services aux entreprises, tourisme, hôtellerie, aides aux personnes, soins de santé.

Troisième étape : affirmation de sa place et de son image

La Wallonie affirme sa présence en Europe en prenant une part active dans les négociations où elle est concernée et en participant, parfois comme leader dans le Comité des Régions d'Europe et dans l'association des Régions d'Europe ayant une capacité législative.

La Wallonie affirme son image d'une société de progrès et d'innovation et non plus d'une société industrielle en déclin économique. Les faits sont d'ailleurs présents pour le prouver. C'est dans cette perspective qu'elle a développé les deux aéroports régionaux de Charleroi (Gosselies) et de Liège (Bierset), l'un comme aéroport de jour pour les passagers, l'autre principalement comme aéroport de fret.

Cela se traduit par un effort important de communication : publication de nombreuses brochures et rapports sur divers aspects de l'économie wallonne et sur les politiques mises en œuvre par le Gouvernement wallon, par la création d'un téléphone « vert » où toute information peut être demandée, par l'ouverture de plusieurs sites Internet, par la création de « Maisons de la Wallonie » dans les principales villes wallonnes et dans plusieurs capitales (Bruxelles, Paris, Montréal, Barcelone, etc.)

Quatrième étape : une nouvelle façon de gouverner

Dès le début de la présente législature, en 1999, le Gouvernement wallon a lancé le Contrat d'avenir pour la Wallonie : « Le Gouvernement était convaincu que les femmes et les hommes de Wallonie doivent se mobiliser autour d'un projet commun, par une démarche de partenaires conduisant les acteurs publics et privés à agir ensemble, dans la seule perspective de la réussite collective. »

À cet effet, le Contrat d'avenir, prévu pour dix ans, proposait des objectifs finaux et des priorités. Ce projet a fait l'objet de contacts entre le Gouvernement d'une part et, d'autre part, les représentants d'organisations et institutions : les recteurs des Universités, le monde économique, les organisations syndicales, le monde de l'environnement, les Villes et Communes, les jeunes, etc. Même les citoyens ont eu leur mot à dire au cours de huit rencontres publiques dans les principales villes de Wallonie.

Tenant compte de ces contacts et des avis remis d'initiative, le projet a été retravaillé et adopté par le Gouvernement wallon en février 2000: il contenait douze objectifs et quatre priorités. Dès le départ, une évaluation annuelle était prévue. Après la première évaluation, le Contrat d'avenir a fait l'objet d'une actualisation, suivant une procédure analogue en mars 2002.

Dans un autre domaine complémentaire, celui de l'aménagement du territoire, le « Schéma de développement de l'espace régional » est l'aboutissement d'une longue maturation et de nombreuses consultations depuis le milieu des années 80. Le projet a, également, fait l'objet d'une large consultation officielle des villes et communes, ainsi que des associations professionnelles et des différents Conseils concernés par certains aspects de l'aménagement du territoire.

 

3. Des résultats économiques probants

Les chiffres sont là: de 1974 à 1986, l'emploi ne cesse de se dégrader en Wallonie en général mais beaucoup plus gravement dans les régions de première industrialisation, le sillon industriel. À partir de 1986, l'emploi augmente lentement: on peut affirmer aujourd'hui que le déclin wallon dont on a tant parlé, surtout ceux qui n'en étaient pas directement victimes, est terminé. La Wallonie connaît un nouveau développement. Elle le doit à elle-même.

Le développement est en marche. On peut le dater approximativement du milieu des années 80. Il se manifeste de diverses manières et dans tous les domaines. On n'abordera ici que le domaine économique. même s'il faudrait aussi aborder celui des innovations sociales et les multiples activités culturelles et sportives.

Un signe positif peut être vu dans la démographie. Contrairement à beaucoup d'autres régions, la Flandre notamment, le taux de natalité reste stable sur l'ensemble de la Wallonie, alors qu'il baisse ailleurs. Paradoxalement pour certains, l'indice de vieillissement, (le nombre d'âgés de plus de 60 ans pour 100 jeunes de moins de 20 ans) reste bon: 87 alors qu'il est de 93 en Flandre et de 94 à Bruxelles. C'est peut-être le signe d'un dynamisme, c'est aussi un gage de développement pour l'avenir.

La Wallonie a su opérer les mutations nécessaires et se trouve aujourd'hui en bien meilleure position qu'en 1980.

1) insertion dans des groupes mondiaux

Le processus de restructuration du capitalisme s'opérera en Wallonie comme ailleurs dans le monde. La plupart des grandes sociétés industrielles ou de services (grande distribution, assurances, banques, par exemple) vont entrer dans des groupes européens ou de grande taille ou vont devenir elles-mêmes des groupes mondiaux. Les groupes français joueront un rôle majeur dans ces regroupements. Suez deviendra l'actionnaire unique de la Société générale de Belgique et, au bout d'un processus progressif de recentrage des activités, finira par l'absorber. Ainsi disparaîtra complètement le holding belge le plus grand et le plus célèbre.: il avait été créé par Guillaume II, souverain de l'ensemble formé par la Hollande et la Belgique en 1815, il subsistera à l'accession de la Belgique à l'indépendance en 1830, à la suite d'un mouvement insurrectionnel dirigé contre les Hollandais.

Des sociétés de droit belge, la plupart localisées en Wallonie et à capitaux d'origine wallonne, sont devenues des groupes mondiaux. On peut citer notamment : Delhaize dans la grande distribution, Solvay dans le domaine de la chimie lourde (soude principalement) et de la chimie dérivée du pétrole (matières plastiques), le Groupe Lhoist et Carmeuse (production de chaux). Fabrique Nationale de Herstal (armes légères).

L'insertion dans des groupes multinationaux ne va pas sans provoquer des inquiétudes quant à la pérennité de la localisation des activités en Wallonie. Ainsi l'insertion de Cockerill-Sambre dans le groupe Usinor a été vue comme un espoir de développement. Par contre la formation du groupe ARCELOR avec l'ARBED et ACERALIA, va entraîner la fermeture des phases à chaud (cokeries, agglomérations des minerais, hauts fourneaux et aciéries) tant à Liège qu'à Charleroi.

2) présence dans des secteurs de haute technologie

Des entreprises dans les secteurs de haute technologie se développent par elles-mêmes et atteignent des tailles qui les font reconnaître sur le marché européen et mondial dans leurs domaines respectifs, souvent en partenariat avec des groupes français. SONACA dans l'aviation est partenaire du consortium Airbus et de Embraer (Brésil), le Centre spatial de Liège vient de signer un accord avec MATRA MARCONI SPACE. Techspace-Aéro est actif dans les moteurs d'avion et les composants pour satellite.

Dans le domaine de l'informatique, plusieurs entreprises ont développé des produits et des systèmes reconnus sur de nombreux marchés étrangers. De même, on voit naître des coopérations université entreprise, donnant naissance à des activités génératrices d'emploi comme IBA (Ion Beam Applications) dans le domaine des cyclotrons à usage médicaux.

Dans les secteurs dits de haute technologie, appartenant ou non à des groupes mondiaux, la recherche et l'innovation qui se font en Wallonie jouent un rôle beaucoup plus important qu'on ne se l'imagine. À titre d'exemple, c'est en Wallonie qu'ont été développés et sont produits les vaccins contre la poliomyélite (90 % du marché mondial), contre l'hépatite A et B.

Le secteur de la biotechnologie connaît un développement important. Il est l'exemple type d'une coopération entre les universités et le monde des entreprises. En 2001 ( chiffres du dernier rapport publié) ce secteur compte, en Wallonie, 55 entreprises, totalisant 5.350 employés et un chiffre d'affaires de 1,8 milliards d'euros, généralement situées autour des centres universitaires de recherche de Liège, Louvain-la-Neuve, Namur, Gembloux, Mons et récemment Charleroi en décentralisation de l'Université de Bruxelles. Elles représentent plus de 75 % du chiffre d'affaire et des emplois des entreprises belges de ce secteur.

La Région wallonne a délibérément cherché à développer ce secteur dès l'apparition de la première vague de biotechnologie par les outils dont elle disposait, la Société régionale d'investissement, l'Agence wallonne à l'exportation, l'Agence pour les investissements étrangers en Wallonie et sa propre Direction générale des Technologies, de la Recherche et de l'Energie.

3) rénovation des PME

Les PME (petites et moyennes entreprises), moins de 250 travailleurs selon les définitions européennes, se sont fortement rénovées et l'ensemble s'est orienté vers les secteurs en développement, que ce soit dans l'industrie (biotechnologies, agroalimentaire, par exemple), dans les services aux entreprises (transport, informatique, consultance, ) et dans celui des services en général (tourisme, hôtellerie, notamment).

Des études ont montré que le développement de l'emploi est plus important dans les PME que dans l'ensemble de l'économie.

4) développement des services

Comme dans toutes les autres Régions, une profonde mutation s'est opérée par la perte massive d'emplois dans les secteurs industriels et une montée considérable des services. Cette évolution s'est accompagnée d'un développement important de l'emploi féminin et une stagnation, voire une réduction des emplois masculins

Alors que les activités industrielles, y compris la construction (bâtiment et travaux publics) et le transport représentaient 55 % du total de l'emploi, ils n'en représentent plus en 2001 que 30 %. Par contre la part des services est passée de 44 % à 69 %. Parallèlement, la part de l'emploi masculin est passée de 70 % à 56 % et celle de l'emploi féminin de 30 % à 44 %.

Cependant, les différentes sous-régions de la Wallonie n'ont pas été affectées de la même manière,: les pertes d'emplois se sont produites dans les zones de première industrialisation, essentiellement le sillon industriel et l'extrême Sud, la Lorraine belge, tandis que les gains dans les services ont concernés toutes les sous régions, voire même préférentiellement les zones plutôt rurales ou la périphérie des centres fortement urbanisés..

5) monde rural en mutation

L'agriculture est encore à capitaux familiaux. Sous l'effet de la PAC, la politique agricole commune européenne, les revenus des agriculteurs et éleveurs ont permis l'intensification des exploitations et, dans une certaine mesure, leur extension. Peu d'exploitations agricoles wallonnes ont adopté l'élevage industriel en batterie; elles se sont orientées plutôt vers les productions laitières et vers la reproduction. Les productions de qualité, agrobiologiques et autres spécialités se développent.

Dans les zones dites rurales, le développement des diverses formes de tourisme a demandé des adaptations, des nouveaux comportements et des investissements. On constate que, non seulement les infrastructures d'accueil (restaurants, logements) se sont développées et ont créé des emplois mais dans de nombreux endroits des événements touristiques prennent naissance et renom grâce à des initiatives locales.

Dans ces zones, on prend conscience de l'importance de protéger le caractère rural et l'environnement.

4. Un nouveau dynamisme

Le rapport de la troisième évaluation du Contrat d'avenir pour la Wallonie est disponible depuis peu (on le trouve sur le site Internet de la Région wallonne). Au-delà des aspects quantitatifs (voir les tableaux ci-joints) les aspects qualitatifs ont été évalués par une enquête auprès des différentes acteurs : administrations, entreprises publiques wallonnes, entreprises privées, organisations syndicales, associations professionnelles notamment. Le constat est tout à fait positif :

le "Contrat d'avenir :

- est un projet de changement correspondant à une attente des décideurs wallons,

- est un instrument de mobilisation et de partenariat ( entre le secteur public et le secteur privé),

- est porteur d'une nouvelle image de la Wallonie,

- permet d'appliquer des principes communs de manière transversale.

« Bien qu'atypique dans le cadre administratif habituel, le Contrat d'avenir marque une rupture avec la tradition de la gestion politique essentiellement pragmatique, par l'engagement qu'il constitue, par les choix clairs qu'il opère, par sa vision et par sa portée de 10 ans. »

« Contrairement aux décennies qui ont précédé le Contrat d'avenir (soit 1980 à 2000), la Wallonie évolue au même rythme, voire mieux, que les régions et pays qui l'entourent. À travers la lecture des objectifs finaux, certains indicateurs d'impact évoluent positivement. C'est le cas du PIB, du taux d'emploi, des émissions de gaz à effet de serre ou des exportations. Certes, cette évolution favorable ne peut être imputée au seul Contrat d'avenir, ne fut-ce que parce que c'est surtout en 2000 et 2001 que les indicateurs progressent tandis que nombre de projets importants du Contrat d'avenir n'ont été finalisés qu'en 2002. »

Il faut souligner que la conjoncture internationale et européenne a été particulièrement favorable en 1999 et 2000 et qu'elle s'est fortement affaiblie dans le courant de 2001 et continue de rester faible. Mais la Wallonie supporte mieux qu'auparavant ces effets conjoncturels et, de manière générale, les supporte aussi nettement mieux que la Flandre et que Bruxelles.

Le Contrat d'avenir pour la Wallonie constitue à la fois un guide pour les Villes et Communes et un incitation à agir pour la réalisation des objectifs. Chaque Ville et Commune a désormais son plan de mobilité, son plan logement, son plan d'égouttage, ses projets d'accueil, notamment.

 

5. Mais des obstacles au développement

Le rapport d'évaluation souligne avec force deux obstacles que la Wallonie rencontre sans qu'elle dispose de la compétence pour agir directement : la Communauté française et les médias francophones. À leur égard, le rapport s'exprime clairement :

« Son action [celle de la Communauté française] dans le domaine de l'enseignement, de la santé, du sport, de la culture et de l'audiovisuel conditionne fondamentalement [souligné dans le texte] la réussite de tous les objectifs finaux du Contrat d'avenir : les niveaux de formation, l'emploi, l'entrepreneuriat ou la cohésion sociale pour ne citer que les plus évidents. »

« Malgré les politiques croisées développées par la Région [il s'agit d'accords de coopération conclu entre Région wallonne et Communauté française sur des points précis] et l'effort substantiel qu'elle a fait pour refinancer l'institution communautaire, les enquêtes et l'appréciation transversale des objectifs révèlent trop peu de synergies entre les politiques menées. Elles expriment aussi un appel récurrent à davantage de coopération, de transversalités et de simplification. »

« Notons toutefois qu'une thématique récurrente aux trois rapports d'évaluation concerne le manque d'intérêt porté par les médias francophones à l'actualité wallonne : les changements perçus sur le terrain ne trouvent que peu d'échos dans la presse écrite et au sein des chaînes audiovisuelles. »

On retrouve ici clairement exprimées dans un rapport d'évaluation objectif, les deux critiques que nous n'avons eu de cesse de développer ici depuis longtemps.

 

 

Evolution du nombre de chômeurs (définition BIT)

Ecarts à douze mois

 

Wallonie

Flandre

Bruxelles

 

 

 

 

1999

- 3,5 %

- 11,9 %

- 3,6 %

2000

- 3,2 %

- 14,5 %

- 1,2 %

2001

- 2,6 %

- 5,4 %

- 2,8 %

2002

- 1,7 %

+ 14,3 %

+ 3,6 %

2003

+ 7,3 %

+ 12,5 %

+12,4 %

février 2004

+ 6,6 %

+ 7,8 %

+ 5,8 %

 

L'examen détaillé, mois par mois montre que dans la période de croissance forte, le chômage diminue moins vite en Wallonie.

Par contre à partir de septembre 2001, soit une période de faible croissance, le chômage continue à diminuer en Wallonie, alors qu'il augmente dans les autres régions.

Le chômage remonte en Wallonie à partir de novembre 2002, vu la faible conjoncture, mais il augmente nettement moins fort et moins vite que dans les autres régions.

 

Conclusion : contrairement aux périodes antérieures, l'économie wallonne résiste beaucoup mieux qu'auparavant aux ralentissements de la conjoncture générale.

 

Source : Ministère fédéral de l'emploi et du Travail

 

 

 

 

 

Evolution des exportations wallonnes au cours des trois premiers trimestres 2003

 

Evolution 2003 par rapport à 2002 (périodes des trois premiers trimestres)

 

Wallonie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 0,4 %

Pays et Régions limitrophes de la Wallonie : . - 0,6 %

Union européenne (UE-15) : . . . . . . . . . .-2,2 %

 

Commentaire de l'AWEX

 

Le repli sur les neuf premiers mois de 2003 traduit naturellement la faiblesse marquée du commerce international en 2003 et l'appréciation sensible de l'euro dont la valeur par rapport au dollar a augmenté de 10 % de janvier à septembre 2003 et de plus de 30 % depuis le début de 2002.

 

***

 

Evolution depuis le premier trimestre 2001 (début de la détérioration de la conjoncture internationale)

 

Wallonie : + 2,0 %

Flandre : + 0,8 %

 

Allemagne : + 3,8 %

Pays-Bas : + 0,4 %

France : - 0,6 %

 

Commentaire de l'AWEX

 

Malgré le repli de nos exportations au cours des trois premiers trimestre de 2003, celles-ci ne semblent pas avoir plus souffert de la mauvaise conjoncture internationale que le reste de l'Europe.

La comparaison de l'évolution depuis le premier trimestre de 2001, qui coïncide avec le début de la phase de détérioration de la conjoncture internationale démontre que les exportateurs wallons ont réussi à garder le cap depuis trois ans dans un environnement très peu favorable au développement du commerce international.

 

Source : Dernier rapport de l'Agence Wallonne à l'Exportation (AWEX)