Crise de la construction automobile : une faiblesse économique structurelle de la Flandre

Un écho qui date mais qui demeure actuel
19 février, 2009

Les difficultés de l'économie flamande ne sont pas du tout à considérer comme du pain bénit pour la Wallonie, loin de là. Mais elles sont une occasion de rappeler, comme le fait Michel Quévit dans Le Soir, que, dans les années 60,  de grandes entreprises automobiles ont fortement investi en Flandre, un choix pas nécessairement fondé sur des critères parfaitement objectifs: "En pleine unification de l'Europe, ils [les constructeurs automobile] étaient attirés par un pays central. Ils ont préféré la Flandre et la Wallonie car le Sud avait une image de région en crise, avec une forte présence syndicale.'' 1 Déjà en 1999, Antoon Roosens 2 présentant l'économie flamande dans TOUDI (n°16, février 99, p.8 : l'article n'étant pas encore archivé, nous ne pouvons y donner un accès direct), écrivait à propos du sous-secteur des fabrications métalliques qu'est l'automobile: ''Sur un emploi industriel total de 473.443 personnes, pour les 5 provinces flamandes, 265.385 - soit 56% - se trouvent concentrés en trois grands sous-secteurs: textile (59.336 emplois), chimie (88.841), et surtout les fabrications métalliques (117.158) (...) C'est dans les secteurs de l'industrie chimique et des fabrications métalliques que l'on retrouve la quasi-totalité des filiales des grandes entreprises transnationales ou mondiales (...) [Ces] entreprises mondiales sont à la base d'une forte croissance des échanges internationaux. Leurs filiales sont insérées dans un programme de production internationale et se livrent donc leurs produits les unes aux autres. C'est ainsi que la quote-part des 5 provinces flamandes dans l'exportation belge s'élève à 70,7% (...) Cette forte concentration de l'emploi industriel dans trois grands secteurs, rend aussi l'économie flamande vulnérable. En effet, entre 1975 et 1995, l'emploi dans l'industrie du textile a diminué de 62 % et dans les fabrications métalliques (hormis le sous-secteur de la construction métallique), de 65%. Les effets de la mondialisation laissent prévoir une baisse continuelle de l'emploi dans ces deux secteurs dans les années à venir. Les cas de Renault et de Levi's sont là pour nous le rappeler. C'est surtout dans le secteur de la construction automobile, resté stable depuis vingt ans, que l'émergence d'une surproduction à l'échelle mondiale fait craindre le pire.'' 3. Longtemps auparavant, un historien comme Robert Devleeshouwer  jugeait ces investissements "ravageurs à terme". Didier Paquot, économiste à l'UWE (Union Wallonne des Entreprises) estime que la Wallonie n'a aucun intérêt à la crise en Flandre, souligne que les transferts flamands vont diminuer; mais estime: "On peut tout de même se demander si la structure industrielle au sud du pays n'est pas de nature à lui permettre de mieux résister à la crise. La Wallonie est plus diversifiée et elle est donc moins dépendante de grands secteurs, comme la sidérurgie dont la restructuration l'avait entraînée dans le chaos." 4 Quant à Kris Peeters, le Président flamand, il pense que ''Le fait de ne pas disposer de paquets homogènes de compétences freine les décisions et contraint à une multiplication de contacts avec une série de niveaux de pouvoirs.'' 5

Voir aussi sur VIGILE Le rapport Flandre/Wallonie en train de changer

  1. 1. Le Soir, 18/06/09, p.2.
  2. 2. Que l'on peut présenter comme un flamingant de gauche, partant d'une analyse marxiste pour fonder l'idée d'indépendance de la Flandre, ainsi que le fait sa notice sur la nl.Wikipedia : Antoon Roosens
  3. 3. Antoon Roosens, Comment juger de l'économie flamande?, in TOUDI n° 16, p. 8, nous soulignons.
  4. 4. Le Soir, 18/02/09, p. 2.
  5. 5. Le Soir, ibidem.